jeudi 28 août 2008

Chapitre 3 - Partie 1

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Chapitre 3 : Le départ
Partie 1


Encore sous le choc de la guérison miraculeuse, les deux jeunes gens se regardèrent encore quelques fractances avant de reprendre leurs esprits.
- Qu’est-ce que c’est que ça encore ! T’as d’autres surprises comme ça à me faire ?
- Je ne comprends pas plus que toi, je t’assure.
- Ouais, tu m’as l’air bien paumé toi aussi. C’est bizarre tout ça. J’avais jamais vu un truc pareil.
- Hum…

Serge était replongé dans ses pensées. Quel était encore ce nouveau phénomène qui venait de se produire ? S’il n’avait pas déjà eu plusieurs fois la preuve du contraire, il parierait sur la théorie du rêve. Mais tout était trop réel, malgré toutes ces choses impossibles qui s’étaient déroulées. Même lorsque ses songes le mettaient face à la dure réalité de son frère mourant, la profondeur des sentiments qu’il ressentait n’était pas si intense. La douleur qui l’avait cloué au sol, la peur lorsque ces monstres l’avaient poursuivi, le regain de confiance qui lui avait permis de se relever pour aller aider la jeune fille qui se tenait maintenant debout à ses côtés. Il n’avait pas pu inventer tout cela. Et même s’il avait pu imaginer les faits, jamais il n’aurait pu reproduire ces sensations aussi fidèlement. Cependant, quelque chose d’autre le perturbait. Malgré toutes les questions qu’il se posait, il n’était pas totalement dérouté par ce qu’il lui arrivait. Une impression de déjà vu, comme si une situation semblable s'était déjà produite. Et en fin de compte, l’incompréhension était mêlée à cette étrange certitude que tout ceci n’était pas si anormal. C’est cela qui l’empêchait de paniquer et de perdre son sang froid, ce qui ne retirait pas de sa tête toutes ces interrogations qui n’avaient de cesse de le hanter.

- Hey, regarde, les gens sortent !

En effet, un peu partout autour de la place, les portes s’ouvraient et laissaient apparaître les habitants d’Altéa. Sur le visage des personnes les plus proches, ils pouvaient lire la surprise ou le soulagement. Pourquoi tout le monde était resté enfermé tout ce temps ? Etaient-ils restés chez eux pour se protéger des loups ? En y songeant à nouveau, Serge se rappela des cris qu’il avait entendus avant de sortir dehors. Ceux-ci s’étaient peu à peu atténués. Tout le monde avait dû fuir pour se mettre à l’abri. Mais il était tout de même surprenant que la milice, même si elle n’était probablement pas équipée pour répondre à ce genre d’attaque, ne soit pas intervenue. Altéa était une cité prospère et même si le vol n’était pas enraillé, il était rare qu’un crime plus grave qu’un chapardage soit commis. Les armes que les miliciens portaient à leur ceinture se résumaient à un bâton paralysant ainsi qu’un propulseur chargé de fléchettes sédatives. Les seuls outils meurtriers étaient détenus par les chasseurs et ne servaient qu’aux battues régulières dans la forêt de Mirkwood. Mais aucun d’entre eux ne s’était montré pour défendre la ville. Peut-être avaient-ils protégé le quartier sud-est, là où leur matériel était entreposé.

Maintenant que les habitants se retrouvaient dehors, les discussions commençaient à s’élever et à remplir les lieux d’une inhabituelle agitation qui contrastait fortement avec le silence de mort qui régnait peu de temps auparavant. Les uns sortaient en courant, se précipitant chez leurs voisins pour prendre des nouvelles, les autres se rassemblaient pour débuter un débat animé dont il était impossible d’en saisir la moindre bribe tellement les mots se mélangeaient les uns aux autres. Non loin des deux jeunes gens, un homme faisait pivoter la porte de sa maison sur ses gondsavant de s’attarder sur l’observation de ceux-ci. Ce fut Christy qui reprit la parole en premier.
- Heu… je crois qu’il est temps que tu m’invites chez toi. C’est pas pour dire, mais j’en ai vu quelques uns qui te regardaient bizarrement. Je crois que ce ne serait pas une mauvaise idée que tu ailles te changer. Sans compter que j’ai pas trop l’habitude de traîner avec des gars en pyjama. Alors, on y va ?

Lui répondant d’un signe de la tête, Serge prit la direction du quartier résidentiel d’un pas assuré. Essayant de prêter un minimum d'attention aux regards qui le dévisageaient, il prit la direction de sa maison. Il n’en avait pas pris conscience jusqu’à présent, mais il était maintenant très gêné de se trouver dehors dans un tel accoutrement, d’autant que les rues étaient désormais remplies de monde. Les quelques mots réussissant à parvenir jusqu’à ses oreilles le renseignèrent sur la raison pour laquelle il n’avait croisé personne dans Altéa durant l’attaque des loups. Apparemment, il leur était tout simplement impossible d’ouvrir leur porte de l’intérieur, comme si une force mystérieuse les en empêchait. Tout ceci n’avait aucun sens mais cela ne préoccupait pas le jeune homme outre mesure. Il avait bien d’autres préoccupations pour le moment, sans oublier Christy qui n’arrêtait pas de le questionner.
- Bon, allez, dis-moi, je ne t’ai jamais vu à la fac, tu es étudiant ?
- Oui.
- En quoi ?
- Science.
- D’accord, c’est pour ça. Moi je suis en géo. C’est vrai que les deux bâtiments ne sont pas à côté. Et ça te plaît ? C’est quoi ton option ?
- Spécialité flux, second centycle.
- Ah oui ? Moi c’est mon premier centycle. Je viens d’arriver ici, c’est vraiment génial comme ville ! Franchement, le campus est extra, c’est dommage que tu n’y sois pas. En même temps, t’as de la chance, tu peux rester avec tes parents. Moi, je ne vais plus les voir très souvent, c’est pas évident de retourner à Arates. Et surtout, c’est pas donné !
- Mouais, si tu le dis.
- Ok, ok, je vois que je te saoule, j’ai compris. Tu me diras quand tu seras de meilleure humeur.
- Désolé, c’est juste que… je pense à d’autres trucs.
- Oui, oui, c’est ça. Enfin, ça change rien, on peut pas discuter avec toi. Mais c’est bon, t’inquiète, je me tais, pyja-gars.
Ne sachant que répondre et n’ayant pas trop envie d’envenimer la conversation, Serge se tut et fut imité par la jeune fille.

Alors qu’ils avançaient sans perdre de temps, ils remarquèrent un rassemblement très important dans l’une des ruelles. Les voix s’élevaient et la masse de badauds s’agrandissait sans cesse. Intrigué, le garçon s’approcha mais Christy le retint par la manche.
- Pas la peine d’aller voir, je sais ce que c’est. Je suis passée par là ce matin et, comment dire… je suis arrivée trop tard. Une femme, la gorge ouverte par une de ces bestioles…
- Tu veux dire qu’elle est morte ?
- Oui…
Le sourire narquois de la jeune fille avait fait place à un visage triste, affecté par les mots qu’elle venait de prononcer. Serge ne voulait pas la gêner et détourna son regard de peur de voir des larmes couler sur ses joues. Peut-être n’avait elle pas subi un choc suffisamment important pour la faire pleurer, mais il ne la connaissait pas et son brusque changement d’attitude prouvait que la scène à laquelle elle avait assistée l’avait troublée. Il décida de prendre une autre route afin d’éviter l’attroupement qui de toute façon bouchait complètement le passage.

A peine eut-il fait un pas dans la direction opposée que des voix se détachant du tumulte de la foule retint son attention.
- C’est encore une de ces horreurs, il ne faut pas la laisser partir !
- Comment osez-vous dire ça ? Elle n’a rien de terrifiant ! Ne lui faites pas de mal !
Le garçon s’arrêta net et se tourna vers Christy.
- On dirait que tu t’es trompé, ils n’ont pas l’air de s’intéresser à… enfin je veux dire, on ferait mieux d’aller voir.

Serge lui prit la main et l’entraîna avec lui vers le groupe d’Altéans. Il ne savait pas vraiment ce qui l’avait poussé à se précipiter comme il venait de le faire, à part la curiosité attisée par les paroles qu’il avait captées. Et puis il était persuadé que ce qui se cachait derrière la foule avait un lien avec tout ce qui se passait et pourrait peut-être lui apporter les réponses qu’il cherchait.
- Eh, qu’est-ce que tu fais ? lança Christy, surprise par la soudaine vitalité de son acolyte.
- Tu n’as pas entendu ? Il y a quelque chose ou quelqu’un derrière tous ces gens. Il faut aller voir, ça a certainement un lien avec ce qu’il nous arrive. Allez, dépêche-toi, suis-moi !

Bousculant tous ceux qui se trouvaient sur son passage, le garçon se fraya un chemin au milieu de cette masse grouillante. Ignorant les remontrances, il guida la jeune fille qui se confondait en excuses auprès de tous ceux qu’elle percutait un peu violemment. L’avancée lui parut interminable tellement son impatience le dévorait. Puis soudain, il perça le rempart de corps et se retrouva à l’air libre, au premier rang de la foule agitée. Devant lui, assise contre le mur d’une maison, se tenait une dame affolée. Mais rapidement, Serge comprit ce qui avait ameuté tous ces gens. La personne qu’il avait d’abord prise pour une femme n’était visiblement pas humaine.

2 commentaires:

  1. "un débat animé dont il était impossible d’en saisir la moindre bride"
    ==> il y a des bribes qu'il faut savoir freiner

    Le participe passé de "subir" est "subi" et non "subit".

    Christy souffre d'un choc post-traumatique, son humeur est changeante et elle semble se détacher de ce qui l'entoure. Je la classe dans la catégorie "hystérique", d'ailleurs ça m'étonne qu'elle ne soit pas étudiante en design. Serge est absent mais en vérité ça ne le rend pas différent de d'habitude.
    On soulignera le fantasme de l'auteur qui consiste à voir des inconnues lui demander si elles peuvent aller chez lui.
    La fin est bien amenée.

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  2. C’est absolument génial, c’est accrocheur, c’est épatant !
    Et toutes mes excuses tout ça tout ça, je suis désolé Tatin, mais tu auras désormais beaucoup de mal à suivre les cours dans le cas où cette idée farfelue te venait à l’esprit. A partir de maintenant, tu vas écrire… J’y veillerai ah ah !
    J’attends la suite avec impatience, va falloir carburer du ciboulot, laisser la DS de côté (je m’occuperai de son entretient, Reno aime se faire allumer à Mario kart) et nous pondre autant de pages de plus que nécessaire pour satisfaire nos esprits avides des aventures de Christy (dis moi, de qui tu t’es inspiré pour ce personnage ;-)) et Serge…
    Bon courage, félicitations, bisouX mon Tatinou.

    PS : t’as vu ? même pas dit de mots déplacés !

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