lundi 11 août 2008

Chapitre 2 - Partie 2

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Chapitre 2 : Christy
Partie 2


La fraicheur de la pièce témoignait du peu de vie qui circulait dans la chambre. Le jeune frère était allongé sur son grand lit blanc, immobile depuis maintenant trois cycles. Son corps était vidé de toute chaleur humaine et sa peau d’une blancheur presque cadavérique. Tout en lui rappelait l’aspect d’un mort dont le flux l’avait quitté pour retourner à la planète. Mais il ne l’était pas. Ses muscles, toujours contractés, en témoignaient et son visage figé par la douleur montrait qu’il n’avait pas atteint le repos éternel. C’est du moins ce que s’évertuait à penser Serge, toujours à genoux, serrant la main inerte de celui qui l’avait toujours fait rire, le seul être qu’il avait vraiment aimé.

Bien sûr, ses parents étaient là pour lui, mais les joies qu’il avait partagées avec Xavier étaient incomparables. Jamais il n’oublierait les longues soirées à discuter avec lui de ses problèmes à l’école, de tous ces idiots qui ne le laissaient jamais tranquille, qui le chahutaient sans arrêt. Toujours, le jeune frère l’écoutait, le rassurait. Il ne pouvait plus compter le nombre de fois où l’un de ces gamins s’était jeté sur lui, lui dérobant son livre et le jetant dans la poussière de la cour du lycée. Arrivé à la fac, tout cela s’était calmé, ses soucis avaient disparu, mais il ne s’était jamais mêlé aux autres, restant toujours seul, préférant sortir son magazine de science que de parler à tous ces gens qui ne l’avaient jamais compris. Son seul ami était son frère, lui bien plus social, bien moins studieux aussi, mais probablement plus heureux. Il ferait tout pour lui, l’aiderait dans toutes les galères. Mais là, que pouvait-il faire ? Rien dans tous ses bouquins ne lui avait donné la moindre piste sur la maladie qui le rongeait. Même les plus grands médecins n’avaient rien trouvé, alors lui, que pouvait-il faire ? Il ne lui restait plus qu’à attendre, attendre que quelque chose change… Soudain, le silence fut rompu.


Dehors, des cris s’élevèrent. Serge redressa la tête. Avait-il bien entendu ? Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Un nouveau cri, puis un autre. La population semblait s’agiter à l’extérieur. Le garçon se releva, fit quelques pas vers la fenêtre et se pencha pour voir ce qui pouvait affoler à ce point les habitants. Scrutant les environs, il vit deux silhouettes disparaître à l’angle de la rue, probablement une femme suivie par son chien. Maintenant, les cris ne cessaient plus et bien plus que de l’agitation, c’était la panique qui avait pris place dans la ville.

- Je reviens frérot, je vais voir ce qu’il se passe.

Dévalant les escaliers, Serge traversa le salon pour atteindre la porte d’entrée. Toujours vêtu de son pyjama vert à rayure, il entrouvrit le battant et glissa la tête à l’extérieur. Ici, la rue semblait calme, personne aux alentours, les cris ne résonnaient qu’au lointain. Intrigué, il s’avança un peu plus jusqu’à se trouver entièrement dehors. Un souffle violent lui parcouru l’échine au moment où la porte se referma avec fracas.

Dans son dos, un grognement sourd signala la présence d’un intrus. Se retournant précipitamment, le garçon vit à quelques centimètres de lui un grand loup à la fourrure épaisse, les babines retroussées laissant apparaître de longs crocs acérés. Ses poils bruns se dressaient sur son dos dans une posture agressive. Mais était-ce vraiment un loup ? De chaque côté de son museau, à la place des yeux, brillaient deux grandes billes rouges au fond de leurs orbites. L’animal se tenait prêt à bondir sur sa proie. Serge posa la main sur la poignée, espérant pouvoir se mettre hors de portée de son assaillant.

Les pattes arrière se fléchirent, les muscles se contractèrent…
Le corps puissant et allongé s’élança...
D’un geste, le jeune homme se protégea le visage de la gueule béante prête à se refermer sur sa gorge…

Une lumière éblouissante…
Les crocs volèrent en éclats…

A la place de la chair tendre du poignet du garçon, la mâchoire avait rencontré une surface dure, lisse et froide. L’animal retomba à terre et recula. Sa longue queue menaçante se rabaissa. Remplaçant la faible victime qu’il venait d’attaquer, un individu vêtu d’une armure de cuir matelassée se tenait dans la même position. Des gantelets de fer étincelants lui recouvraient les mains et les avant-bras tandis que des lanières de peau lui protégeaient les mollets. Prolongeant la garde et le pommeau qu’il tenait dans la main, une longue lame parfaitement aiguisée brillait d’une lueur argentée. Lorsque les bras crispés se relâchèrent et retombèrent le long du corps de cet étrange personnage, le visage d’un jeune garçon apparut derrière un casque de bronze. L’air affolé, c’était les traits de Serge qui se dessinaient.


Reprenant ses esprits, il détailla son nouvel accoutrement. "Mais qu’est-ce que c’est que ça ?" pensa-t-il. Le loup avait déjà détalé quand le garçon observa attentivement l’épée qu’il tenait à la main. Combien pouvait-elle peser ? Il lui était impossible de répondre à cette question. Malgré le métal lourd qui la constituait, il ne ressentait pas son poids. Et cette armure ? De même, il ne la sentait même pas sur ses épaules. Tout ceci n’avait aucun sens. Mais il n’eut pas le temps de se poser d’autres questions. De l’endroit où la bête avait disparu venait de surgir trois autres de ses congénères et ils ne semblaient pas impressionnés par les nouveaux habits du garçon. Dévalant la rue à une vitesse incroyable, les six lueurs rouges se rapprochaient dangereusement. Dans un geste presque naturel, il rangea son arme dans son fourreau et prit la fuite.

Entendant à nouveau les cris des habitants déroutés, il courut dans leur direction. N’osant pas se retourner, il n’avait aucune idée de la distance à laquelle pouvaient se trouver ses poursuivants. Les maisons qu’il croisait étaient de plus en plus luxueuses, ce qui signifiait qu’il se rapprochait à grand pas de la place centrale.

A bout de souffle, il débarqua dans le centre de la ville, véritable clairière au milieu de cette forêt urbaine. Le ciel était rouge et la première fluance, prima, avait commencé. Comme au début de chaque cycle, la place était déserte car c’était la fluance de repos pour les commerçants. Il ne s’en était pas rendu compte jusqu’à présent, mais les cris avaient cessé et il ne voyait personne. Derrière lui, il sentit le danger ressurgir en entendant des grognements violents. Il se retourna juste à temps pour voir trois ombres se jeter sur lui. Il bascula et se retrouva à terre, entouré par les bêtes qui le poursuivaient quelques instants auparavant. Lorsqu’elles s’élancèrent à nouveau vers lui, c’est le sourire de son frère qui emplit ses pensées.

4 commentaires:

  1. Les choses sérieuses commencent :)

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  2. Beau travail...ca se complique pour notre héros on dirait...

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  3. Moi je dit mes couilles !!

    c'est pas constructif mais ca détend

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  4. J'aime bien le coup de la fuite, ça rappelle ces bonnes vieilles crispations d'index à force d'enfoncer R2-L2 parce qu'on n'a plus beaucoup de HP et que ça fait une heure qu'on se tape des combats aléatoires.

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