dimanche 24 août 2008

Chapitre 2 - Partie 5

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Chapitre 2 : Christy
Partie 5


Un combat acharné dans le fond de ses entrailles. Une brûlure intense luttant contre l’intrusion d’une substance étrangère et glacée dans son être. L’impression de perdre tous ses organes, calcinés par un feu dévastateur, puis de les retrouver, comme revivifiés par l’eau d’une source bénie. Un claquement sur son visage. Une caresse à côté de la torture qu’il endurait dans les profondeurs de sa pauvre carcasse humaine. Le sang bouillonnant, se dilatant jusqu’à faire gonfler ses artères. Les muscles crispés, tendus, figeant son corps meurtri qu’il aurait de toute façon été incapable de contrôler. Aucune pensée ne traversait son esprit, seule la douleur existait en cet instant. Une douleur sadique qui s’amusait au plus profond de lui, lui étreignant les boyaux, puis les délaissant afin de s’en prendre à ses poumons ou à son cœur.

Mais peu à peu, sans même qu’il ne s’en rende vraiment compte, la souffrance s’atténuait et tout semblait reprendre sa place. Et puis vint la désagréable impression d’avoir subi une greffe que son organisme avait d’abord voulu rejeter à tout prix avant de se décider à l’accepter. Ou peut-être serait-il plus exact de penser qu’il s’y était résigné. Un autre coup sur la joue, plus net cette fois-ci, plus distinct. Le feu faiblissait, de plus en plus docile. Le sang reprit sa circulation, les muscles se relâchèrent. Les idées pouvaient à nouveaux résonner dans son crâne. Cela en devenait presque plaisant. Quelque chose de nouveau coulait en lui, de différent. Impossible de dire ce que c’était, mais lorsque la dernière flamme fut éteinte, tout son corps était apaisé. Un bien-être salvateur le parcourait, comme une gorgée de boisson fraîche qui s’engouffrait dans son gosier en récompense d'un effort colossal. Serge se complaisait dans cette agréable sensation lorsqu’un violent coup au dessus de la mâchoire lui projeta la tête sur le côté.

- Tu vas te réveiller bon sang, allez, c’est fini la sieste, tu ne vas pas t’évanouir après avoir affronté trois petites bestioles de rien du tout. Non mais c’est pas vrai ça, tu vas te bouger oui !

Une voix hystérique lui parvenait jusqu’aux oreilles, de plus en plus forte, de plus en plus précise.
- Ah, bah quand même, il était temps !
Le garçon venait d’ouvrir un œil et reconnut sans mal la fille qui l’avait aidé à terrasser les trois loups. Décollant sa joue des pavés, il ouvrit son deuxième œil pour la regarder en face.
- Aïe !
Il venait de se prendre une autre gifle, le renvoyant saluer les dalles de la place.
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
- Oh, désolé, je voulais juste m’assurer que tu étais bien réveillé. En même temps, tu es bien habillé pour dormir ! Un peu ridicule par contre, il faudra songer à changer de fournisseur. Les rayures c’est classique, mais pas super sexy.

Interpelé par ces propos, le garçon releva la tête pour s’apercevoir qu’il était de nouveau vêtu de son pyjama et qu’il ne restait aucune trace de son surprenant équipement. Plus d’armure, de gantelets, pas même une trace de la longue épée dont il venait de se servir. Avait-il encore rêvé ? Il fronça les sourcils, cherchant une quelconque explication à tout ceci. Il détailla alors les vêtements de la jeune fille. Assise par terre à ses côtés, les jambes repliées sous son corps, elle portait un short de sport qui lui arrivait à peine au dessus des genoux. Il s’amusa à remarquer que de chaque côté de ses cuisses étaient tracées deux rayures rouges sur le tissu blanc. "Ouais, pas très sexy !" rit-il intérieurement sans oser faire la moindre réflexion à haute voix. Elle était penchée sur lui et un T-shirt beaucoup trop grand pour elle lui recouvrait le torse. Elle l’avait cependant noué à l’avant afin de laisser apparaître son nombril. Ses longs cheveux étaient attachés en un chignon rapide mais une petite mèche blonde lui tombait devant les yeux. Celle-ci n’était probablement pas voulue mais elle ajoutait un charme certain au visage de la jeune fille.

- Bon, allez, tu ne vas pas rester allongé éternellement !
Elle se redressa et lui tendit sa main droite pour l’aider à se relever. Se faisant, elle arbora un large sourire qui semblait déplacé comparé au peu de compassion qu’elle exprimait dans ses propos. Cependant, Serge accepta son aide et se remis sur pieds.
- Eh bien dis moi, quelle histoire ! Tu sais ce que c’était que ces bestioles enragées ?
- Euh… Non.
- D’accord, c’est bien ce que je pensais, tu ne sers vraiment à rien. Enfin, on va faire avec. Je me demandais… Je pensais être folle, mais avec tout ce qui se passe… c’est bien toi que j’ai vu dans la grotte ?

Il n’avait donc pas rêvé. Rien de tout ceci n’était un rêve. A moins qu’il ne soit toujours pas réveillé. Mais tout semblait trop réel. Il l’avait reconnu et elle aussi.

- Oui, je crois... Je vous ai vu en tout cas.
- Tu me diras, avec des fringues comme ça, je ne pouvais pas me tromper ! N’empêche, c’est bizarre tout ça. Je me demande d’où elles sortent ces horreurs. T’avais déjà vu un truc pareil ? Et puis cet arc qui m’est apparu entre les mains. Le plus étrange c’est que je n’en ai jamais touché de ma vie et là, il m’en surgit un de nulle part et je m’en sers comme une pro. Non mais c’est vrai ! J’ai tué je ne sais pas combien de ces machins sans même m’en rendre compte. C’est dingue, je t’assure ! Oh, tu m’écoutes ?
- Hum… oui, oui, pardon. Je me disais juste que c’était pareil pour moi.
- Tu te moques de moi, t’étais en train de fuir comme un lapin quand je t’ai vu ! Franchement, tu n’avais pas l’air de faire le fier dans ton costume !
- Heu… ouais, c’est vrai… je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive. Je n’ai jamais tenu une épée de ma vie. Comment voulez-vous que je sache m’en servir ! Pourtant, quand je vous ai entendu crier, tout m’a semblé naturel, il m’a suffit de saisir cette épée et tout s’est fait tout seul.
- Ah bah finalement t’as une langue ! Ok, d’accord, je vois. Je ne comprends rien à tout ça et toi encore moins. Bon, on est mal barré on dirait.

La jeune fille scruta les alentours.

- Et il n’y a toujours personne ici, c’est dingue ! Bon, je sais bien que c’est encore tôt pour une prima, mais quand même ! Tu me diras, c’est peut-être mieux pour toi, tu ferais mieux de te changer avant que tout Altéa se moque de toi. Tu habites loin ?
- Euh, non, pas trop, à une quinzaine de nuances d’ici, mais vous…
- Oh, tu vas arrêter avec ce "vous", je ne vais pas le supporter longtemps. J’ai l’impression d’être une vieille dame décrépie quand tu me dis ça ! Je m’appelle Christy et c’est "tu" ou rien d’autre ! Attends, on doit avoir à peu près le même âge ! Franchement, tu m’as l’air bien coincé comme mec. Et toi, c’est quoi ton nom ? Hein ! Qu’est ce que tu regardes comme ça ?

En effet, Serge n’écoutait plus grand-chose de ce qu’elle disait et son regard était tourné vers la main gauche de son interlocuteur. La jeune fille, très expansive avec son bras droit, gardait le second près du corps. Une vilaine blessure saignait au niveau de son poignet.

- Qu’est-ce que vous…
- "TU" !
- Pardon. Qu’est-ce que tu as à ton poignet ?
- Oh, ça, ce n’est rien, t’occupe, juste une petite blessure.
- Ça ne vous, euh, te fait pas mal ?
- Non, c’est bon, t’inquiète. Je te signale que je me suis présentée, la moindre des choses serait que tu en fasses autant !
- Oh, euh, pardon, Christy, c’est ça ? Moi c’est Serge. Laisse-moi voir ça s’il te plait.
- Non mais ce n’est rien je te dis, c’est pas vrai, tu écoutes quand on te parle ? Et qu’est-ce que tu peux y faire toi, de toute façon ?
- Je ne sais pas, mais j’ai comme un pressentiment, quelque chose qui me pousse à regarder.

Le garçon tendit la main faisant signe à la blessée de lui donner la sienne. La mine soupçonneuse, elle accepta tout de même. Voyant la plaie de plus près, il fut surpris que cela ne lui fasse pas plus mal que ça. La chair était à vif sur plusieurs centimètres et les crocs avaient atteint les os du poignet qui se laissaient apercevoir derrière le sang qui avait commencé à sécher. Avec son autre paume, Serge recouvrit la plaie et ferma les yeux. Presqu’aussitôt, une lumière blanche rayonna à l’endroit précis où se trouvait la blessure et s’échappait entre les doigts du garçon. Quelques instants plus tard, les rayons disparurent et il retira sa main. Les deux jeunes gens fixaient le même endroit avec une surprise non dissimulée. La blessure s'était refermée. Aucune cicatrice n’était visible. Christy releva les yeux vers son guérisseur.

- Il va vraiment falloir qu’on discute tous les deux…

3 commentaires:

  1. premier commentaire juste pour dire que j'attends la suite ;)
    et que j'aime bien ton style :)
    Puis l'univers FF on peut que aimer :p

    Jérome

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  2. Quelle fille insupportable...
    Bon, vivement qu'on commence à y comprendre quelque chose :-D
    C'est bien écrit, ça se lit facilement, tant mieux !

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  3. J'ADORE CHRISTY!!!!
    Je suis fan de ce perso!!!
    Qui a dit qu'elle était aussi chiante que moi? Je ne vous permets pas! Christy est 10 fois mieux que ça, le summum de l'insuportable! C'est génial! J'en veux encore!

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