mardi 10 février 2009

Chapitre 5 - Partie 2

Chapitre 5 : Kwoaaa !!!
Partie 2


Saisis sur place à la vue de ce spectacle atroce, Serge et Christy ne purent esquisser un mouvement. Toute leur attention était dirigée sur cette scène irréelle. Le monstre devait faire dans les cinq mètres de haut, mais ce n’était pas ce qui était le plus impressionnant. Son allure générale était pour le moins déconcertante. En effet, il ne semblait pas posséder de torse à proprement parler. Son corps, dont la peau rugueuse était teintée d’un bleu clair étonnant, n’était constitué que d’une gigantesque gueule dont les dents sales et usées témoignaient de la cruauté dont elles avaient déjà dû faire preuve. Un large nez aplati surplombait la mâchoire supérieure et deux petits points jaunes révélaient l’emplacement des yeux de la créature. A l’arrière de cette tête qui défiait toutes les lois de la proportion, deux long bras puissants s’étendaient, prenant naissance là où des oreilles auraient dû se trouver. Chacun des avant-bras se terminaient par une main dont les trois doigts étaient dotés de griffes redoutables. A partir du poignet jusqu’aux extrémités acérées, la peau prenait une couleur brune et avait l’aspect d’une carapace dont les anneaux paraissaient durs comme de la pierre. Chacun de ces bras devaient faire dans les six mètres, ce qui donnait à ce spécimen incroyable une envergure avoisinant les seize mètres. Les épaules quant à elles étaient recouvertes d’une ossature dont la forme et la coloration rappelaient les plaques d’une armure de bronze. Deux larges cuisses soutenaient la créature, directement rattachées à l’arrière de la tête, juste sous les bras. Contrairement à ceux-ci, ces jambes dénuées de mollets étaient très courtes et maintenaient la gueule à seulement un mètre du sol, ce qui étaient peu en comparaison de la taille du prédateur. Les pattes qui supportaient tout le poids du monstre étaient semblables en tout point aux mains à ceci prêt que les orteils étaient plus espacés pour assurer une meilleure stabilité mais également moins articulés. Serré dans son poing droit, le chocobo avait cessé de se débattre.

Serge qui s’attendait à découvrir l’oiseau jaune à la merci d’une de ces abeilles démesurées ne sut comment réagir face à ce nouvel adversaire. Christy aussi était sous le choc et ce ne fut que grâce à la vivacité d’Elian qui les tira en arrière qu’ils se retrouvèrent à nouveau à couvert.
- Vous êtes fous ! Pourquoi êtes vous partis à leur poursuite ? murmura la Viera, leur faisant comprendre son mécontentement.
- Tu as vu ce truc ? questionna le jeune fille, trop abasourdie par ce qu’elle venait de voir pour pouvoir écouter les reproches qui lui étaient faits. C’est énorme !
- Oui, c’est un glouton. Un carnassier violent qui dévore toutes les créatures qui sont assez petites pour rentrer dans son gosier. Vous auriez pu vous faire tuer, vous êtes totalement inconscients !
- Oui, pardon… s’excusa finalement l’étudiante. Mais on pensait qu’il n’y aurait qu’une abeille. Je croyais que ça ne poserait pas de problème. On sait comment faire maintenant.
- Détrompe-toi, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver et chaque affrontement est différent. Ta technique aveuglante ne fonctionnera pas à tous les coups, alors ne soit pas trop sûre de toi. Et toi Serge, je t’avais dit de ne pas te lancer dans la bataille sans réfléchir ! Tu as oublié l’infection que tu as contractée ?

Elian s’était tournée vers le garçon, souhaitant lui faire les remontrances qu’elle jugeait utiles, mais celui-ci ne l’écoutait pas. Il était tourné vers la clairière et observait, horrifié, le monstre à travers les branchages. Il jouait avec le chocobo, le prenant par une patte et le balançant comme un vulgaire bout de viande dont il comptait bien faire son futur repas. Le volatile, vidé de toutes ses forces, tentait désespérément de se libérer en étendant ses ailes, mais cela se résumait à quelques faibles battements tant son bourreau l’avait torturé. La Viera supportait elle aussi très mal le spectacle, mais elle savait pertinemment qu’ils ne pouvaient rien y faire et elle interpella à nouveau le jeune homme afin de le détourner de cette atrocité.

- Serge ! Ecoute-moi.
Pas de réponse.
- Serge !
- On ne peut pas laisser faire ça ! finit-il par annoncer.
- Nous n’avons pourtant pas le choix. Ce glouton est bien trop fort pour nous.
- Mais regarde ce qu’il est en train de faire !
- Je sais, c’est horrible, mais c’est la nature. Crois bien que je souhaite de tout mon cœur que ce chocobo s’en sorte, mais nous n’y pouvons rien. Surtout que mes sorts de guérison sont toujours inefficaces sur toi. Qui ira sauver ton frère si tu te fais tuer ?

En entendant ces dernières paroles, Serge détourna la tête et ferma les paupières en serrant les poings de toutes ses forces. Il se sentait impuissant et ressentait toute l’injustice dont ce monde pouvait être fait. L’image de son frère lui traversa l’esprit et il comprit qu’il ne pouvait pas le trahir, qu’il ne pouvait pas l’abandonner en risquant sa propre vie dans un combat perdu d’avance. Pourtant, quelque chose en lui se refusait à prendre la décision d’abandonner l’animal à son triste sort. Il ressentait le besoin de se lancer dans la bataille Une réaction absurde quand on sait que deux fluances plus tôt, il n’avait encore jamais tenu une arme entre ses mains. Sachant pertinemment que son argument n’aurait aucune valeur, il essaya une dernière fois de convaincre la Viera, cherchant ainsi à se prouver qu’il avait tout tenté avant de reprendre leur chemin.
- Xav’ adorait les animaux. Il voudrait que j’intervienne.
- Tu as sans doute raison, acquiesça-t-elle, tu le connais mieux que moi. Mais les gens cherchent trop souvent à être héroïques dans de telles situations. Combien de personne ont risqué leur vie sans raison juste pour prouver qu’ils étaient vertueux. La vie de ton frère est plus importante à tes yeux que celle de ce chocobo. Alors ne suis pas ces pulsions qui te poussent à prendre des risques inconsidérés.

Elian avait dit tout cela avec une douceur inouïe et apaisante qui aida sans aucun doute à le raisonner, même si au fond de lui, il était déjà convaincu. Il jeta un dernier coup d’œil vers la clairière où il aperçut le géant s’amuser en tenant l’oiseau par chacune de ses ailes, prêt à l’écarteler. Avec tous les remords du monde, il s’en détourna et dit d’une voix qu’il voulait déterminée.
- Allons-y.

Il commença à faire demi-tour à l’instant même où il entendit Christy pousser un hurlement. Elle qui s’était faite si discrète pendant qu’Elian s’occupait de Serge n’avait pu retenir un cri lorsqu’elle vit ce qui était en train de lui arriver. Des tiges ramifiées de centaines de feuilles étoilées étaient en train d’entraver ses mouvements en s’enroulant autour de ses jambes et de ses bras. Les longues lianes semblaient se mouvoir par leur propre volonté et ni Serge ni la Viera n’eurent le temps de réagir. En une fractance, la jeune fille était totalement ligotée et incapable de se débattre. L’instant d’après, elle fut tirée vers le haut, disparaissant dans les feuillages à quelques mètres au dessus d’eux sans qu’ils ne puissent venir à son secours.

- Christy ! hurla Serge, incapable de réprimer sa terreur malgré le glouton qui se trouvait de l'autre côté de la clairière. Mais son appel ne fut pas vain puisqu’il obtint une réponse dont le timbre de la voix traduisait un affolement extrême.
- Serge ! Au secours ! Aide-moi !
Et les cris continuèrent, emplis d’une peur plus poignante que jamais. Le jeune homme, totalement démuni, resta sur place sans trouver d’autres solutions que de répéter le prénom de l’étudiante, comme si cela pouvait la ramener. Mais Christy avait disparu et il ne l’entendait même plus crier. La cherchant désespérément des yeux dans les hauteurs de la forêt, le garçon ne découvrit ce qu’elle était devenue que lorsqu’Elian attira son attention en un tout autre endroit.
- Regarde. Elle est là. Une vitalierra l’a capturée !

Serge suivit la trajectoire de son doigt qui désignait la direction de la clairière. Il ne comprit pas tout de suite ce qu’il devait voir, puis découvrit à sa grande stupeur une masse verte qui ondulait sur l’herbe. Prise au piège dans un enchevêtrement de lierre, il reconnut la silhouette de la jeune fille. Son corps était totalement recouvert par une couche végétale et il n’y avait guère plus que ses cheveux dorés qui demeuraient visibles. Les extrémités des lianes meurtrières se rejoignaient au sommet d’une petite boule verdâtre semblable à un bourgeon éclot à ceci près qu’il se déplaçait sur quatre paires de petites pattes d’insecte. Tout en avançant, elle trainait sa prise derrière elle, l’agitant dans tous les sens. Son déplacement était précis et sa destination ne faisait aucun doute. La plante livrait sa prisonnière au géant qui s’amusait toujours avec sa précédente proie. En voyant ce serviteur apporter son repas au glouton, Serge comprit comment une créature aussi grosse avait pu se saisir d’un animal aussi rapide que ce chocobo. Mais il ne s’attarda pas sur ces considérations. Il avait été capable de se contenir lorsque ce n’était que le volatile qui était menacé. Cette fois-ci, la situation était différente et rien ne pouvait le faire changer d’avis. Elian en était parfaitement consciente et elle était de toute façon incapable de laisser cette enfant se faire dévorer. Sachant qu’elle ne pourrait pas arrêter le garçon une fois celui-ci parti à l’assaut, elle fit apparaître son bâton et ne perdit pas une fractance. Instantanément, l’éclat blanc habituel fit son office et deux sphères taillées de multiples facettes apparurent autour d’eux avant de se disperser dans une explosion qui provoqua un son clair et presque inaudible. Sur le coup, Serge fut surpris puis comprit très vite ce qui s’était passé. Sa peau luisait désormais d’un faible éclat doré. Il se tourna vers celle qui venait de lui attribuer cette protection, lui exprima sa reconnaissance par un regard et s’élança sur ce qui devait bientôt devenir un nouveau champ de bataille.

2 commentaires:

  1. Ah bien ! Bon chapitre. Court mais bon. J'ai bien cru qu'ils n'allaient pas livrer bataille et j'aurais juré que tu ferais intervenir un deus ex-machina comme un franc-tireur ou un chevalier solitaire perdu hors de son monde qui aurait abattu le glouton en un clin d'oeil.

    Belle description du glouton aussi, on (je) arrive très bien à le visualiser.

    Maintenant j'espère qu'ils vont lui mettre sa race, à ce bouffeur de poulet. (Si le chocobo est mort, ça leur fera le repas du soir, il faut être positif...)

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  2. Et non, pas de héros solitaire qui surgit, désolé, ça aurait fait trop de charisme d'un coup ! ^^

    Et comme pour le "RER", merci de féliciter mon travail sur la description du glouton, ce n'était pas évident. Encore une fois, content que ça fonctionne !

    Le combat t'attend !

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