lundi 12 janvier 2009

Chapitre 4 - Partie 5

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Chapitre 4 : En entrant dans Mirkwood
Partie 5


- Hynn ?
- Encore ce nom…
- Hynn ! Tu m’entends ?
- C’est à moi que l’on parle ? Qui est là ?
- C’est moi, Néphraïm.
- Néphraïm ? Je ne connais pas de Néphraïm.
- C’est sans doute normal. Ta présence est faible.
- Quoi ?
- J’ai eu beaucoup de mal à te trouver. Atalette aussi d’ailleurs.
- Je ne comprends rien à ce que vous dites.
- Peu importe. Je ne sais combien de temps je vais pouvoir rester, je dois me dépêcher ! Je vais la chercher et je reviens tout de suite.
- Qui êtes-vous ?

La voix ne répondit pas à sa question. Avait-elle seulement existé ? Serge n’en était pas si sûr. Il se rendit alors compte qu’il n’avait pas ouvert les yeux durant toute cette étrange conversation. D’ailleurs, avait-il parlé ? Il ne se rappelait pas non plus avoir ouvert la bouche. Pourtant, il lui semblait bien avoir échangé quelques mots avec cet étranger. D’où venait-il ? Et surtout, où était-il maintenant et à quoi ressemblait-il ? Il écarta les paupières pour voir où il se trouvait.
Rien ne changea. Tout resta noir, intensément noir. Avait-il vraiment ouvert les yeux ? Il ne voyait même pas son propre corps, comme s’il était en plein milieu d’un vide chromatique obscur. Impossible. Cela ne pouvait exister. Il se rappela d’un article publié il y a quelques centycles par la revue scientifique de MétaFlux. Ils y expliquaient qu’il était possible d’obtenir un noir absolu en privant une zone de toute présence de flux. Mais pour réaliser une telle prouesse, aberration du monde naturel, ils avaient dû mettre en place un complexe sophistiqué dont ils ne voulaient rien dévoiler. Mais là, il se trouvait en pleine forêt. Comment une telle chose pouvait être possible ? Ses réflexions furent interrompues par une voix familière.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Qu’est ce qui se passe ici ? Laissez-moi tranquille !
- Calme-toi Atalette. Je ne te veux pas de mal.
- Mais vous vous trompez, je ne m’appelle pas comme ça. Mon nom est…
- Christy ? C’est toi ?
- Serge ? Où es-tu ? On n’y voit rien là dedans !
- Calmez-vous ! Il faut absolument que vous m’écoutiez !
- Qu’on se calme ! On ne sait même pas qui t’es et tu voudrais qu’on se calme ! s’emporta la voix de Christy.
- Vous… Vous connaissez Lucrécia ? demanda Serge, soudain convaincu de ce qu’il disait.
- Ah, enfin, je croyais que je ne réussirai jamais à vous faire entendre raison. Oui, bien sûr que je la connais. C’est…
- Quoi ! Comment peux-tu la connaître ? Qui es-tu à la fin ?
- Christy, si tu le laissais parler, on le saurait depuis longtemps.
- Hein ? Hey, tu vas pas te retourner contre moi pyja-gars !
- Laisse-le parler, c’est tout ce que je te demande. On ne peut rien faire d’autre dans cette situation de toute façon.
- Ok, ok, j’ai compris, tu ne viendras pas te plaindre si…
- Promis, je ne me plaindrai pas.
- Euh… c’est bon, je peux parler là ou vous continuez à vous chamailler ?
- C’est bon, désolé pour ça.
- Oui, allez, vas-y la voix, on t’écoute !
- Bien. Donc, comme vous n’avez pas l’air de me reconnaître, je me présente. Je suis Néphraïm, fils de Lucrécia. Et votre frère.
- Quoi ! ne put retenir Christy.
- Encore cette histoire ? Ça n’a aucun sens !
- Peut-être que cela n’a aucun sens pour vous, mais c’est pourtant la vérité.
- Expliquez-nous alors !
- Oui, je le ferai si j’arrive à tenir assez longtemps. Mais il y a plus urgent. Je dois vous mettre en garde.
- Contre quoi ?
- Contre notre mère…
- Quoi ! s’interloquèrent les deux jeunes gens d’une même voix.
- Oui. Ses intentions sont louables, mais ses méthodes discutables. Faites attention.
- Que voulez-vous dire par là ? Expliquez-vous ?
- Je veux parler de…
La voix se tut soudainement.
- Quoi ? De quoi voulez-vous parler ?
Il n’y eut aucune réponse.
- Christy ?
Elle ne répondit pas non plus. Perdu au milieu de l’intense obscurité, le garçon se retrouva seul. Peu à peu, son esprit s’embrouilla et il sombra dans l’inconscience.

Serge se réveilla en sursaut. Assis sur le sol de verdure, il aperçut presque aussitôt Christy qui le regardait avec de grands yeux ronds. Sous les premières lueurs d’orana, Elian les observait tour à tour, inquiète. A la vue du ciel orangé, le garçon estima que la cinquième luxance avait commencé. Pour plus de précision, il saisit sa pierrelle qu’il portait en pendentif. Au contact de sa paume, elle lui indiqua que la treizième nuance était entamée d’une dizaine de fractances. N’intégrant qu’à moitié ces informations qu’il avait consultées plus par réflexe que par nécessité, il se concentra sur les faits qu’il venait de vivre. Etaient-ils bien réels ? Il ne se posa pas la question plus longtemps puisque Christy prit la parole pour l’interroger.

- Tu comprends quelque chose à tout ça toi ?
- Je ne sais pas. Tout ceci s’est réellement passé ? Tu étais vraiment là toi aussi ?
- Bien sûr que j’étais là ! On a même discuté tous les deux !
- Je veux dire. Ce n’était pas un rêve ?
- Vu ta tête, j’ai bien l’impression qu’il t’est arrivé la même chose qu’à moi. Et je n’ai encore jamais entendu parler de rêves partagés !
- Ça signifie que toi aussi tu as entendu ce Néphraïm ?
- Oui, évidemment que…
Mais la jeune fille fut interrompue par Elian qui écoutait la conversation, essayant de comprendre ce dont il pouvait parler.
- Vous avez bien dit Néphraïm ?
- Oui, il me semble que c’est son nom, répondit le garçon.
- C’est bien ça, confirma Christy. Il nous l’a suffisamment rabâché pour qu’on s’en souvienne ! Tu connais ce nom ?
- Oui, confirma la Viera. Et ça ne peut pas être une simple coïncidence.
- Que veux-tu dire par là ? insista Serge.
- C’est le nom d’un des fils de Lucrécia. Celle que je connais dans mon monde.
- Oui, c’est ce qu’il nous a dit.
- Cela confirme donc que la Lucrécia que vous avez rencontrée et celle que je connais est bien la même personne !
- Mais tout ça n’a aucun sens !
- Oui, je ne comprends pas non plus. On avait pourtant conclu que ce n’était pas possible. Mais d’abord, que vous est-il arrivé à tous les deux ? Je n’ai rien compris à ce que vous avez raconté. Néphraïm est venu vous parler ? Je ne l’ai pas senti venir, c’est impossible !
- Je ne suis pas sûr. Mais je crois qu’il est venu nous parler dans notre sommeil. Enfin, je ne pense pas qu’il soit vraiment venu. Ça me rappelle un peu la façon dont Lucrécia m’a parlé la première fois. Il n’y avait que sa voix. Et ce nom. Il m’a appelé de la même façon. C’est comme ça que j’ai compris qu’ils étaient liés.
- Oui, c’est vrai, t’as raison ! Je comprends mieux comment t’as fait pour deviner ! s’exclama Christy.
- Et quels sont ces noms ? demanda Elian.
- Il m’a appelé Hynn.
- Et moi Atalette.
- Hynn, Atalette, Néphraïm… Les enfants de Lucrécia. C’est bien ça, mais pourtant…
- Que veux-tu dire ? fit le garçon, surpris.
- Que ces trois noms sont bien les noms des enfants de Lucrécia. Ils sont très connus dans mon monde. Comme leur mère, ils sont très puissants. Mais pourquoi est-ce qu’ils vous appellent ainsi ? Hynn et Atalette. Ça ne peut pas être vous. Ils ne vous ressemblent même pas. Et de toute façon, ça n’aurait aucun sens.
- Je me demande, intervint Christy, timidement. Peut-être… Peut-être qu’on nous mène en bateau. On cherche absolument à trouver une explication. Mais peut-être qu’il n’y en a pas et que tout ceci est fait pour nous embrouiller ! Peut-être même que ce sont des imposteurs !
- Je ne sais pas, médita Serge. C’est possible mais… pourquoi ?
- Je n’en sais rien, mais souviens-toi de ce qu’il a dit. Il faut nous méfier de Lucrécia.
- C’est vrai, tu as raison.
- Attendez ! Il vous a dit ça ? s’étonna la Viera.
- Oui, expliqua le jeune homme. En fait, il nous a dit de rester sur nos gardes. Apparemment, leurs objectifs sont les mêmes, mais il n’est pas d’accord avec sa façon de faire. Le problème c’est qu’on ne connaît même pas leurs objectifs.
- Et il ne vous a rien dit d’autre.
- Non, il a disparu juste après.
- Mince, tout ça devient de plus en plus compliqué. On ne sait même plus à qui se fier.
- Mais c’est pas vrai, qu’est-ce qu’on fait dans ce merdier ! s’enflamma Serge. Est-ce que quelqu’un va enfin nous expliquer ?
- Calme-toi, modéra Elian.
- Que je me calme ! Vous avez tous ce mot là à la bouche ! Mais comment veux-tu ? Mon frère a été kidnappé par un malade, on est en plein milieu d’une forêt, poursuivis par des types et attaqués par des bestioles monstrueuses. Et maintenant, on reçoit un avertissement contre la seule personne qui semblait être de notre côté. Vraiment, j’vois pas comment rester calme !
- Je sais bien, compatit la Viera, mais pour le moment, la seule chose qu’on peut faire, c’est continuer et essayer de comprendre. Ta colère est normale, mais essaie de la contrôler, elle n’apportera rien de bon à la situation.
- Mouais, t’as raison, s’adoucit-il, toujours sur les nerfs mais se laissant convaincre par ces arguments. Bon, qu’est-ce qu’on fait alors ?
- On continue de suivre la seule piste qu’on a, déclara Christy. C’est ça Elian ?
- Oui, je crois que nous n’avons pas le choix. On va à Rosaria et on rencontre cette femme, qui que ce soit. C’est la seule façon d’obtenir de nouvelles informations.
- D’accord, fit Serge. J’espère qu’elle pourra nous expliquer ce qu’il se passe. Et qu’elle nous aidera à retrouver mon frère !
Elian hocha la tête en signe d’approbation, contente de voir que le jeune homme avait réussi à se calmer si rapidement.
- Oui, on le retrouvera ton p’tit frère, assura Christy.
- Merci, répondit-il, reconnaissant.
- Oh, moi, j’dis ça, c’est juste parce que j’espère que ça te rendra moins grincheux, ajouta-t-elle avec un petit sourire malicieux.

Acceptant la raillerie qu’il trouva même plutôt sympathique, Serge se redressa, imité par ses deux compagnes de route. Rien n’était vraiment éclairci, mais une chose était plus évidente que jamais. Ils devaient absolument rencontrer cette Lucrécia pour apprendre tout ce qu’elle pouvait leur révéler, qui qu’elle soit en réalité. C’est ainsi que débuta orana, la deuxième fluance de leur périple. Bien décidés à atteindre leur objectif, ils reprirent le chemin de Rosaria, une légère bise s’insinuant entre les feuilles de l’ancienne forêt de Mirkwood.

2 commentaires:

  1. hop pop pop!

    merci pour ce chap, on attend la suite!

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  2. Merci Elias de continuer à me lire, ça me fait très plaisir !!!

    La suite arrive prochainement.

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